IBM-France ne voulait pas être la première à passer sous les feux de la rampe. Mais maintenant que PSA a conclu un accord, elle se met sur les rangs pour reprendre l’élimination de ses salariés en saisissant la perche macronienne des ruptures conventionnelles collectives (RCC).
Alors que la DRH faisait semblant de négocier un nouvel accord GPEC (emplois et compétences), elle a convoqué tout à trac le CCE pour annoncer ce jeudi 8 février le prochain plan de destruction de nos emplois.
En fait, dès mercredi le comité d’entreprise européen aura la primeur de l’annonce de toutes les suppressions d’emplois imposées à l’Europe. Armonk attend que chaque pays s’implique au plus vite pour que l’information médiatique de la baisse drastique et mondiale des effectifs IBM produise l’effet classique de la montée de la valeur de l’action (les gros actionnaires adorent !).
Chaque pays se débrouillant avec sa législation du travail, IBM-France saute sur l’une des innovations de la loi Travail XXL (Pénicaud/Macron), à savoir la RCC qui lui ouvre un boulevard pour des suppressions d’emplois sans nécessité économique et avec le minimum de contraintes légales.
Chaque syndicat va devoir se positionner, mais il n’est pas difficile de prévoir ce qui va se passer
- la direction va plaider que c’est un plan volontaire qui permettra à beaucoup de trouver de belles opportunités professionnelles à l’extérieur (reconnaissant implicitement que les jobs à IBM sont de moins en moins valorisés et qu’il n’y a plus guère d’avenir dans notre entreprise, ce qui se confirme année après année)
- la Sainte-Alliance (regroupement CGC-CFDT-CFTC, formalisé en vue des prochaines élections professionnelles) approuvera sans difficulté car elle ne peut se permettre de renâcler face à la direction « qui la joue gagnante » aux élections pour autant qu’elle soit docile ;
- l’UNSA (majoritaire) se posera des questions mais finira par accepter (au prix de quelques concessions mineures et prévisibles de la DRH), de signer dès lors que ce seront des départs « volontaires » et qu’il faut respecter le « choix de chacun » ;
- la CGT gardera toujours la même ligne de conduite, d’autant plus qu’il n’y a pas de contrainte économique en jeu : pas de départs collectifs sans a minima des embauches en nombre équivalent, et un plan de formation conséquent pour les reclassements internes qui s’opéreront ;
- le Personnel qui risque de se diviser. D’une part ceux n’ayant qu’une envie (légitime) : se tirer d’une boîte où leur avenir professionnel est piétiné. D’autre part, ceux qui veulent rester car le marché de l’emploi est trop incertain pour prendre le risque de jouer à la roulette leur devenir professionnel et la sécurité de leur famille, mais qui en retour supporteront le surplus de charge de travail du fait des départs.
- Nous le savons tous, IBM est devenue un serial job killer qui ne se préoccupe de ses salariés que pour s’en débarrasser. Tous les moyens sont bons (rappelons-nous nos collègues secrétaires transférées de force), et 2018 n’échappe pas à la règle. Seront principalement visés celles et ceux qui sont chez GTS et STS, qui savent être sur un siège éjectable depuis plusieurs années. La RCC à venir sera rude dans ces entités (mais pas seulement elles), et nous pouvons craindre des filialisations ou ventes d’activité après « dégraissage ».
la CGT IBM se mobilise nationalement
Ce jeudi 8 février, nous en saurons un peu plus sur le volume d’emplois menacés, et leur localisation. Les conditions du dédommagement et l’accompagnement des départs seront vus ultérieurement en CSP. Dès maintenant, la CGT IBM se mobilise nationalement pour affronter ces nouvelles attaques contre l’emploi.
Téléchargez ci-dessous la fiche technique sur les Ruptures Conventionnelles Collectives: