Salaire et pouvoir d’achat sont les éléments-clé de notre capacité à avoir une vie relativement dégagée des soucis financiers et matériels. Ils dépendent d’une part des politiques économiques et sociales de l’Etat, d’autre part de notre employeur. Voyons ce qu’il en est.
Du côté de l’Etat
Nous constatons, notamment depuis la crise financière de 2008, une accélération des prélèvements fiscaux, sans véritable retour sur les services à la collectivité et sur les aides sociales. Mesuré par l’INSEE, le pouvoir d’achat moyen des Français a baissé en 2011-2013, repris ensuite des couleurs sur 2014-2017, pour rechuter en 2018 (les mesures gouvernementales favorisent à ce jour les entreprises et les plus riches contribuables, mais pas les familles en difficulté ni les classes moyennes) …
Les baisses de cotisations sociales pour les employeurs réduisent notre « salaire socialisé » (celui qui va collectivement aux organismes de protection sociale), mettant en danger notre modèle social. Ces cadeaux au patronat sont souvent financés… par une hausse de nos propres cotisations sociales, de nos impôts et de nos assurances privées (Complémentaire Santé par exemple). La double peine !
L’augmentation du salaire net par la baisse de cotisations sociales est un leurre ! Parce que vous devrez payer au secteur lucratif l’accès aux services que la collectivité ne fournira plus du fait de la baisse des ressources. Des dépenses fondamentales n’étant plus mutualisées, les risques individuels de ne pouvoir y faire face vont s’accroitre selon votre niveau de revenu.
Du côté de notre entreprise IBM-France
A l’évidence, notre direction ne se sert pas des cadeaux fiscaux de l’Etat pour améliorer les salaires à IBM-France. En plus de certaines baisses de cotisations sociales, IBM perçoit 24,3 millions d’euros au titre des CIR et CICE. Bénéfiques aux résultats de l’entreprise, mais rien pour ceux qui les produisent par leur travail.
Quelques preuves ?
En voici :
- toujours pas de participation malgré des bénéfices substantiels.
- une baisse en pourcentage de la masse salariale plus rapide que la baisse des effectifs.
- des dividendes considérables versés au holding d’optimisation fiscale aux Pays-Bas : 200 millions d’euros en 2017 (3 fois le bénéfice réalisé), et 400 millions en 2018 (6 fois le bénéfice) à comparer aux 807 millions de frais de personnel l’an passé ! Ça ruisselle plus à Amsterdam que dans nos poches.
Le 19 juillet, N. Sekkaki donnait le « plan salaires » 2018 : 1,1 % d’augmentations individuelles (AI) qui ne profiteront qu’à un salarié sur deux, pour une inflation de 2,2 % sur les douze derniers mois … Perte cumulée de pouvoir d’achat assurée pour au moins les 2/3 des IBMeurs !
Pourtant, les comptes officiels 2017 déposés par IBM-France révèlent que les frais de personnel ne représentent que 27,7% du produit total (30,4% en 2013). Et la contribution des salariés d’IBM-France au chiffre d’affaires ne cesse d’augmenter depuis 2012 : le ratio CA/salarié actif est ainsi passé en 5 ans de 345 k€ à 455 k€, soit une progression de près de 32%.
Qui osera encore dire qu’il n’y a pas d’argent ?
Autre scandale : N. Sekkaki annonce froidement que les AI iront prioritairement à ceux qui sont dans les secteurs privilégiés d’IBM, la performance individuelle n’étant que le 3ème critère d’attribution. Quant aux compétences, il ne les cite même pas … A travail égal, augmentation discriminatoire !
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POUR UNE POLITIQUE DE PROGRESSION DU POUVOIR D’ACHAT
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L’individualisation des salaires affaiblit le rôle et la portée des conventions et des accords collectifs. La mise en concurrence des salariés vise aussi à les affaiblir en créant des oppositions délétères (cadres contre non cadres, entité A contre entité B, site Y contre site Z, actifs contre retraités et chômeurs…).
IBM France applique (pour le moment) la Convention Collective de la Métallurgie, secteur d’activité où la CGT est le 1er syndicat représentatif. C’est bien pour casser cette Convention Collective que le MEDEF (via l’UIMM dont IBM est adhérent) revendique dans la négociation en cours le paiement au poste, la non reconnaissance salariale des diplômes, des qualifications et des classifications. Un big-bang dont les salariés sortiraient KO.
Le gouvernement n’est pas en reste et enchaîne les réformes du même acabit : baisse drastique du nombre d’élus dans les instances (CSE), inversion de la hiérarchie des normes, refus de la représentation des salariés dans les conseils d’administration, réforme professionnelle jetant aux oubliettes les qualifications, réforme de la retraite par capitalisation à venir.
Par ailleurs, la financiarisation de l’économie, reconnue par tous, se vit tous les jours et de manière caricaturale à IBM où seule compte l’évolution du Bénéfice par Action (EPS – Earning Per Share). Pour nous, l’entreprise ne peut être confisquée pour le seul bénéfice des actionnaires. Son unique objet ne peut être de générer des dividendes, elle doit assurer prioritairement la rémunération et le bien-être des salariés.
L’entreprise doit intégrer l’ensemble des enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Révolutionnaire ? Non, légitime !
Le pouvoir d’achat assuré par l’entreprise passe d’abord par la rémunération, puis par les mesures sociales qui aident à avoir une vie décente. Ce que revendique la CGT :
– égalité de traitement hommes/femmes, retour aux augmentations géné- rales (ringardes les AG ? non, légitimes !), participation et intéressement rendus systématiques, compensation de l’inflation, augmentation substan- tielle des minis garantis, et d’une manière plus générale la répartition des richesses produites … essentiellement entre ceux qui les produisent !
– Mutuelle Santé : IBM a diminué sa contribution d’un million d’euros, elle doit revenir à la situation antérieure ! La progression chez IBM des maladies liées au stress, constatée à travers l’augmentation chaque année des jours d’arrêt-maladie, doit être mise financièrement à sa charge, et non à celles des contributeurs à la Sécurité Sociale.
Il faut en finir avec le cycle infernal de la dégradation de notre pouvoir d’achat. L’approche pragmatique et combative de la CGT, avec le soutien des salariés, fera la différence, comme elle l’a montré tout au long de l’histoire sociale de la France.
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Dernière minute : indemnités de congés payés, récupérez votre dû pour améliorer votre pouvoir d’achat.
Suite au paiement rétroactif par IBM, début 2018, des indemnités de congés payés (ICP), la CGT a continué son investigation sur le sujet. Elle avait saisi la direction et l’inspection du travail sur les doutes qu’elle avait concernant l’assiette de calcul de l’ICP. La direction soutenant que les primes (PVA, primes d’objectifs, etc.) ne rentraient pas dans cette assiette …
Doutes justifiés. L’Inspection du travail vient de nous confirmer que l’ensemble des primes individuelles entre dans l’assiette de calcul (mais pas le 13ème mois). Cela représente des sommes importantes (des milliers d’euros pour certains) que la direction vous spolie depuis des années. Nous vous en informons aujourd’hui, mais sommes étonnés par le silence radio à ce sujet des syndicats qui s’étaient félicités (à juste titre) de l’action menée en 2017.
Nous demandons à tous les salariés IBM de lui réclamer leur dû, sans trop tarder sinon la direction invoquera la prescription. La CGT sera évidemment à vos côtés. La CGT jusqu’au-boutiste ? Oui, quand c’est légitime et dans l’intérêt des salariés !
octobre 2018 cgt ibm-France