
507 euros de moins par mois en moyenne pour les femmes
Temps partiels subis, carrières bloquées, métiers sous-valorisés : les femmes sont toujours pénalisées tout au long de leur vie professionnelle. Malgré une lente diminution, la publication des chiffres 2023 de l’INSEE confirme la persistance des inégalités salariales entre les femmes et les hommes.
L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes rapporterait 6 milliards d’euros par an !
La CGT a présenté ce jeudi 6 mars avant la séance de concertation sur les retraites un chèque symbolique de l’ordre de 6 milliards d’euros.
6 milliards d’euros, ce sont les cotisations retraites supplémentaires qui rentreraient dans les caisses de la CNAV si les femmes avaient enfin le même salaire que les hommes par l’égalité professionnelle.
6 milliards d’euros c’est aussi le montant nécessaire pour abroger la réforme à horizon 2027
Où manifester le 8 mars ?
Les femmes gagnent en moyenne 507 euros nets de moins par mois dans le privé, par rapport aux hommes, soit un écart de 22,2 %.
Même à temps de travail équivalent, l’écart reste de 14,2 %.
- La différence varie en fonction des catégories socio-professionnelles : elle est de 15 % pour les cadres, 13 % chez les ouvrier·es, 12 % dans les professions intermédiaires et 4 % chez les employées.
- Les inégalités de salaires entre femmes et hommes augmentent avec l’âge : elles sont de 4,3 % parmi les salariés de moins de 25 ans et atteignent 24,9 % parmi ceux âgés de 60 ans ou plus.
- Les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes croissent avec la taille de l’entreprise : l’écart de salaire net en EQTP s’échelonne de 7,2 % en moyenne dans les entreprises de moins de 10 salariés à 17,3 % dans celles comptant 5 000 salariés ou plus.
- L’ampleur des inégalités salariales entre femmes et hommes varie également selon le secteur d’activité : l’écart de salaire net moyen en EQTP (équivalent temps-plein) est le plus élevé (23,3 % en 2023) dans les services mixtes (information-communication, services financiers et immobiliers), activités en moyenne les plus rémunératrices. À l’inverse, dans la construction, les salaires moyens des femmes sont légèrement supérieurs à ceux des hommes (de 1,6 %) car les femmes y sont rares.
- Dans la fonction publique, les inégalités persistent : En équivalent temps plein, l’écart de salaire s’élève à 10,5%, soit 284€. Une moyenne qui cache des disparités : l’écart est de 13,1 % dans la fonction publique d’Etat et de 18,3 % à l’hôpital public (données DGAFP).
Pourquoi un tel écart de salaire ?
Si les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes, comment expliquer les écarts de salaires ? Les chiffres INSEE pointent les causes profondes des inégalités salariales ⤵️
L’enjeu de l’emploi et du temps de travail des femmes
L’écart de salaire tient en partie au volume de travail annuel des femmes. En effet, les femmes sont moins souvent en emploi que les hommes au cours de l’année, et d’autre part, elles occupent plus fréquemment un emploi à temps partiel (choix volontaire ou subi).
En moyenne, le volume de travail annuel des femmes est inférieur de 9,3 % à celui des hommes en 2023. Par exemple, en 2023, dans la fonction publique, qui compte 63 % de femmes, 26 % des agent·es travaillent à temps partiel contre seulement 9 % des hommes.
Pour réduire cette inégalité, la CGT revendique la fin des temps partiels imposés et une négociation sur le temps partiel, la baisse du temps de travail à 32h, la retraite à 60 ans et des politiques publiques en faveur de l’égalité.
L’enjeu de la revalorisation des métiers à prédominance féminine
La répartition inégale des femmes et des hommes selon les métiers contribue également aux écarts de salaires. En neutralisant les effets du volume du travail sur les écarts salariaux, l’INSEE identifie « la ségrégation professionnelle ».
En effet, les métiers occupés majoritairement par les femmes ne reconnaissent pas ou peu les compétences et qualifications requises au prétexte qu’elles seraient « naturelles » comme l’a démontré l’étude de l’IRES -CGT en 2023 sur les métiers à prédominance féminine dans les métiers du soin et du lien.
Le plancher collant : les femmes sont surreprésentées dans les bas salaires
Si les femmes occupent 42 % des emplois dans le secteur privé en équivalent temps plein (EQTP) en 2023, cette proportion atteint 54 % pour des salaires autour de 1 410 euros nets mensuels, indiquant une concentration notable des femmes dans les emplois les moins rémunérés.
Dans la fonction publique, si les femmes représentent 63 % des effectifs, elles occupent 70 % des 10 % des postes les moins bien rémunérés. Aussi, les revendications CGT pour la revalorisation du SMIC à 2000 euros brut et l’indexation des salaires sur l’inflation sont des mesures favorisant l’égalité.
Le plafond de verre : La part des femmes diminue le long de l’échelle salariale.
L’écart de salaire est aussi le reflet d’inégalités hiérarchiques. Les postes de cadres dirigeant·es sont occupés à moins d’un tiers par des femmes pointe l’INSEE.
Plus on monte dans l’échelle des salaires, moins les femmes sont présentes. Elles ne sont plus que 34 % parmi les salariés gagnants 4 302 euros et seulement 24 % parmi les 1 % les mieux rémunérés (plus de 10 222 euros).
Dans la fonction publique, si les femmes représentent 63 % des effectifs et 67 % des contractuel·les, elles occupent seulement 43 % des postes de catégorie A+ contre 70 % des 10 % des postes les moins bien rémunérés et seulement 49 % des 10 % les mieux rémunérés.
Pour des évolutions de carrières égales, la CGT revendique la mise en œuvre de la méthode de nuages de points et des enveloppes de rattrapage salarial. (voir guide CGT « gagner l’égalité »)
Le plafond de mère : les inégalités se creusent avec le nombre d’enfants
Les inégalités de temps de travail entre les femmes et les hommes s’accroissent avec l’arrivé des enfants (11,9 % contre 9,9 % en moyenne en 2022 dans le privé). Elles s’accentuent chez les parents d’enfants de 3 ans ou moins (23,1 %) et ceux ayant trois enfants ou plus (17,7 %).
De plus, l’écart de salaire net en EQTP entre femmes et hommes croît avec le nombre d’enfants. En 2022, il est en moyenne de 5,8 % parmi les salariés du privé n’ayant pas d’enfant, mais atteint 28,2 % entre les mères et les pères de trois enfants ou plus.
Selon une étude publiée de l’INSEE publiée en 2019, ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance mais aussi des carrières durablement ralenties des mères.
Au final, en combinant les écarts de temps de travail et de salaire, le revenu global des mères est inférieur de 29,9 % à celui des pères. Cet écart atteint même 40,9 % pour les parents de trois enfants ou plus.
Alors que 4 enfants sur 10 qui ne peuvent pas être accueillis par des professionnel·les, la CGT revendique un service public de la petite enfance à hauteur des besoins, l’allongement du congé paternité et d’accueil de l’enfant, un congé parental mieux rémunéré et partagé.
Des écarts inexpliqués
Pour le même emploi exercé dans le même établissement, l’écart de salaire net en équivalent temps plein se réduit à 3,8 %. Cette estimation, qui repose seulement sur 40 % du secteur privé, reste inexpliquée par l’Insee.
L’égalité salariale ne tombera pas du ciel, mais elle peut devenir réalité !
Ces chiffres officiels prouvent que si les femmes sont moins payées, ce n’est pas un hasard. La bonne nouvelle ? Les inégalités salariales ne sont donc pas une fatalité. Transparence des rémunérations, sanctions pour les employeurs discriminants, revalorisation des métiers féminins, moyens pour la petite enfance… Ces conquêtes ne sont pas des utopies, mais un cap politique.